Houria, Houria wel Hoqoq ennaswiya (Liberté, liberté, mais aussi les droits des femmes)
Série de 15 photographies et 4 panneaux de texte (dont un double)
Exposition "Alger, archipel des libertés" au FRAC Centre-Val de Loire du 04.06.2021 au 02.01.2022
Pendant toute l'année du Hirak, une des plus belles de ma vie, quasiment chaque semaine de fin février 2019 à mars 2020 puis de mars à mai 2021, je suis sortie à Alger (parfois dans d'autres wilaya) pour participer aux marches, crier au plus proche de mes concitoyen·ne·s notre révolte contre un système sclérosé basé sur l'injustice, la hoggra, scandant des slogans réclamant un changement radical, révolutionnaire, un état civile et non militaire (doula madaniya, machi 3askariya), une Algérie libre et démocratique (Djazair 7ora democratiya) et aussi le respect des droits des femmes, car nous savions que notre combat féministe devait être à l'avant-garde de la possibilité de penser une Algérie nouvelle. Les vendredis, parfois les mardis lors des marches étudiantes, puis lors des certaines marches de nuit surtout autour de la mascarade électorale imposée au peuple en décembre 2019, je sortais toujours munie de mon appareil afin de réaliser un travail photographique documentaire de l’intérieure du mouvement, différent d'un travail journalistique. Il s'agissait pour moi de poser un regard situé, entre docu-activisme, poésie visuelle et documentaire d'autrice.
Dès le 7 mars 2019, le mouvement féministe algérien a pris de l’ampleur, et avec plusieurs militantes, nous avons décidé de marcher chaque vendredi ensemble,contre le système en place et pour faire entendre nos revendications féministes, indissociables selon nous de celles pour la justice sociale et pour un changement démocratique portées par le Hirak. Nous avons créé le carré féministe à Alger. J’en ai documenté les étapes au fil des marches.
Pour l’exposition Alger, archipel des libertés présentée au FRAC Centre Val de Loire, j’ai conçu la série "Houria, Houria wel Hoqoq ennaswiya" composée de 15 photographies couleurs montrant le carré féministe et les militantes à Alger à différents moments du Hirak. Ces photographies sont accompagnées de 4 panneaux de texte dont un double, constitués d’extraits d’entretiens avec les militantes féministes Sissa Iharkane et Saadia Gacem, de la reprise féministe écrite par Amel Hadjadj s’inspirant de la chanson "La Casa d’el Mouradia" et de la traduction d’une pancarte de Ludmila Akkache.